Résidence de l'autrice Maud Joiret 2023

Production • Rhizome
Direction artistique • Simon Dumas et Carol-Ann Belzil-Normand
Textes et performance • Maud Joiret
Direction administrative • Geneviève Allard
Chargée de projets • Audrey Girard
Partenaires • Midis de la poésie, Centre Wallonie-Bruxelles,
Ministère des relations internationales et de la francophonie
Artistes participants • Catherine Bélanger et Alexandre Berthier
Avec les voix de • Juliette Bernatchez, Carol-Ann Belzil-Normand, Judy Quinn, Maude Veilleux,
femmages à Gillian Anderson, Britney Spears, Chantal Akerman et Lana del Rey

Gober tout est une performance littéraire de Maud Joiret. C’est un exercice d’admiration, une recherche sur les influences à l’oeuvre et une interrogation sur ce qu’est la légitimité pour une femme qui écrit. C’est une grande faim du dire, du regard et du corps. Elle se traduit par l’expression textuelle, visuelle et sonore, performative, singulière et collective, à travers l’incorporation sur scène des voix de quatre poétesses québécoises, qui alimentent cette recherche.

Créée en résidence à Québec avec les artistes Catherine Bélanger, vidéaste, et Alexandre Berthier, concepteur sonore, la performance GOBER TOUT a été présentée le 12 décembre 2023 lors de l’édition du Festival Are-Sommes-Sonnes, dans le cadre des 30 ans de la structure Avatar.

Composée de textes issus des recueils Marées vaches (éditions du Castor Astral, 2023) et JERK (éditions l’Arbre de Diane, 2022) de Maud Joiret, elle trace un parcours dans les paysages urbains et ruraux, intimes et sociétaux d’aujourd’hui, perçus depuis un corps de femme. À la frontière des genres, elle questionne avec une langue multiple l’époque et les rapport au corps et au désir. Ce parcours est physique. La trajectoire est celle d’une quête émancipatrice, depuis une solitude jusqu’à une rencontre. Toute la performance se construit autour de la progression d’une voix, de sa capacité à dire ce qui se passe, à faire le point sur ce qui arrive, ce qui semble vrai, ce qui s’avère faux, incomplet, à relire, à
dire autrement. Parfois elle parle à elle-même, depuis un point caché. Parfois elle est dans l’adresse, amoureuse, complice, contradictrice ou interpellante. Parfois la voix se multiplie pour
parvenir jusqu’au point de l’expression. Imbibée d’influences, littéraires et pop, consciente d’un héritage culturel plus que jamais situé (intimement, politiquement), Maud Joiret cherche à traquer les tabous qui sourdent dans la vie quotidienne, les clichés qui « défoncent la possibilité d’une présence nue », les récits automatiques qu’on met en place pour se et nous raconter. Tout devient à gober dans cette recherche, chaque parcelle de paysage est à retraduire, chaque situation à décoder et relire.

L’engagement corporel est porté par les mots, les discours teintés d’aller-retours, de dynamique tonale et musicale des textes eux-mêmes, mais aussi par le compagnonnage esthétique, visuel et sonore. Cette trajectoire de mots en corps est accompagnée par des vidéos de Catherine Bélanger, projetées sur grand écran et projetées aussi en mapping sur le corps de la performeuse. En collaboration avec Maud Joiret, Catherine Bélanger a réalisé un montage à partir du thème de la betterave, racine « vulgaire », comestible, sucrée, qui déteint vite et fort, qu’on pèle, avant de la cuire, qui imbibe peau et tissus, qui se déploie dans une esthétique au rythme du texte et de la parole : tantôt tranchante, tantôt chaude et douce, sous des voiles de vapeurs ou ricochant à la vitesse du langage. Le travail sonore d’Alexandre Berthier donne un appui et une forme à ces étapes de transformations, dialoguant avec la voix et modulant l’espace de la performance en fonction des tonalités du texte : partant d’un « nu » sonore, il élabore à partir des matériaux du direct le langage du son. Field-recording de mouvements de peau, de cheveux, d’une surface métallique, sample, loops, bruits du pied de micro, échos de fricatives («beat boxing »), et montages rythmés des mots, comme des « mitraillettes pointées sur le désir ».

Un repas entre poétesses

Une captation sonore, un montage de 14 minutes réalisé à partir de l’enregistrement d’une rencontre avec quatre poétesses québecoises contemporaines, forme la dernière partie de la performance, celle de la rencontre. Issu d’un échange enregistré durant la résidence de Maud Joiret en novembre 2023 à Québec, il fait entendre les voix et des extraits des textes de Maude Veilleux, Judy Quinn, Carol-Ann Belzil-Normand et Juliette Bernatchez. Quatre poétesses de plusieurs générations, toutes s’exprimant sur leur pratique d’écriture, les questions matérielles qui rendent possibles ou pas l’exercice d’écriture, les questions de légitimité dans la profession, de perception de classe, d’accès à la publication, d’influences…

Maud Joiret

Résidence de l'autrice Maud Joiret 2023

Maud Joiret est née en 1986 à Bruxelles. Poétesse et performeuse (sur scène + en vidéo + quelquefois devant un appareil photo), elle est également chroniqueuse. Elle a accompagné professionnellement les auteurs et autrices belges sur le site www.bela.be pendant dix ans et continue d’être passeuse de textes et de voix, au travers d’articles, de participation à des jurys, de partages d’enthousiasmes en programmation littéraire, en animation de rencontres et sur les réseaux sociaux (@maudjoiret / Maud Joiret). En 2023, elle donne également cours dans le cadre d’un atelier à La Cambre pour les étudiant.es du Master en Textes et Création littéraire.

Cobalt, son premier recueil de poésie (éditions Tétras-lyre), a reçu le prix de la première œuvre de la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2020 et a été adapté en vidéo. Son deuxième livre, JERK, publié en 2022 aux éditions l’Arbre de Diane, a été porté à la scène dans une forme qui mêle texte, musique et danse. Elle est également publiée dans des revues et des anthologies, en Belgique, en France et au Mexique. 

Son écriture empoigne désirs et réel, traque les tabous et cherche les mots d’un déploiement. Hybridant volontiers les registres et les genres, sa poésie cherche les points-limites des sensations et des narrations. En articulant les pulsations de l’intérieur et de l’extérieur, elle travaille humour, mélancolie, jeu et mordant pour rythmer une quête de sens. Sa langue invente ses propres formes, s’éclate sur la page, vise l’endroit où faire mouche. Pour traduire l’invulnérabilité du sensible. Mettre à nu une rencontre entre soi, nous et le monde.

Galerie photo

En tournée

2023

Partenaires

Gober tout est une performance produite par Rhizome, financée par le Ministère de la Culture et des communications du Québec, les Midis de la poésie et Wallonie-Bruxelles international.