J’ai 14 ans. Dans la salle, il y a la professeure de ballet en charge du programme spécial de former un corps de danseuse, et il y a un homme, beaucoup plus vieux qu’elle, chorégraphe. C’est une audition. C’est lui qui procède à la sélection. Quand arrive mon tour, l’homme, le grand homme, cet homme connu et respecté, prend mon pied dans sa main. Il le tâte, le tire, le tord, le fait plier, puis il le laisse retomber et dit: “Elle a de bons pieds. Dommage qu’elle ne sache pas s’en servir.” Les autres filles, leur chignon parfaitement lisse, pas une mèche qui dépasse, un maillot rose pâle, collants, les cuisses qui s’ouvrent bien.