Production • Rhizome
Texte, conception vidéo, mise en scène et performance • Simon Dumas
Actrice • Johanie Lehoux
Voix différée • Andrée A. Michaud et Nicole Brossard
Composition et art sonore • Érick d’Orion
Contrebassiste original • Mathieu Therrien
Intégration technologique • Marc Doucet
Équipe de tournage • Cimon Charest et Richard Coulombe
Partenaires • Conseil des arts et des lettres du Québec,
Conseil des arts du Canada,
Entente sur le développement culturel de la Ville de Québec entre
la Ville de Québec et le Ministère de la culture et
des communications du Québec
Point de départ : une photo
Fade out est le spectacle de poche de Rhizome. C’est aussi un projet personnel de son directeur artistique, Simon Dumas, auquel il a consacré deux années.
Fade out, ce fut d’abord une photo. Tirée de la vie quotidienne de l’auteur, la photo représente sa femme — qui l’a quitté depuis — nue devant la fenêtre un samedi matin. Le premier texte décrit l’image, mais aussi un certain état. Puis la photo est perdue et le texte, qui continue de s’écrire, devient une réflexion sur le regard qui transforme une première fois l’objet, puis la mémoire qui le transforme une seconde fois (et continuellement).
La rémanence est une persistance partielle d’un phénomène (objet, image, désir) après sa disparition. Bien que ”fade out” soit un terme de cinéma, la performance utilise un croisement des langages vidéographique et photographique pour questionner l’image comme trace ou intermédiaire du réel. Le poème est initiateur. Le poème développe et organise les images mentales / captées / projetées / fabriquées en explorant au possible toutes les modalités de présence et de perception, d’opacité et de transparence, d’expression et de parasitage. Il est ici question de disparition, sujet traité entre poésie et commentaire, entre biographie et imaginaire.
Le texte à la base de cette création est donc le récit d’une disparition et des trahisons de la mémoire. La femme de la photo ne regarde pas la caméra, elle est ailleurs.
Les thèmes de la mémoire et de l’intertextualité sont les lignes directrices de la mise en scène.
Un spectacle de poche
Fade out condense et rassemble plusieurs éléments de l’exploration de Rhizome autour de l’image et des outils numérique. Un des objectifs de la création était d’épuiser toutes les possibilités de mise en scène avec un seul écran. Pour cela, nous avons créé un dispositif très simple.
Un écran d’un mètre quatre-vingt de côté est placé au centre de la pièce (ou de la scène). Le poète circule autour. Le public, si la configuration de la salle le permet, peut faire de même. La vidéo, la lumière, ainsi que les caméras directes sont projetées sur les deux côtés de l’écran. Le corps du poète — mais aussi, possiblement, celui des spectateurs — vient interférer/recomposer l’image qui s’y forme. Par sa présence dans l’espace, autant que par son verbe, le poète refait l’histoire de cette photo perdue.
D’autre part, le dispositif relie, par le biais de l’informatique, certains médias entre eux. C’est le cas de la musique de la contrebasse (jouée live) et des éclairages. Certaines notes font s’allumer certaines lumières. Le volume détermine l’intensité. Le contrebassiste est donc, en quelque sorte, l’éclairagiste. Il doit jouer en fonction des besoins du spectacle.
Matière Textuelle
ON PERD L’IMAGE COMME ON PERD
PRISE SUR LA RÉALITÉ,
UN MOMENT DE PANIQUE,
UN TREMBLEMENT DONT LES
RÉPERCUSSIONS VONT
AUGMENTANT JUSQU’À LA
DESTRUCTION.
TOUT Y ÉTAIT POURTANT :
LE SUJET, LE DÉCOR, LES OBJETS
ET LA LUMIÈRE,
MAIS TU N’AS PAS SU RÉSISTER
OU PLUTÔT,
TU N’AS PAS SUPPORTÉ.
Extrait vidéo
La vidéo qui suit est la captation de la toute première présentation publique de Fade out. C’était dans le Studio d’essai de Méduse, à Québec, en 2008. La caméra est cadrée pour les besoins de la mise en scène, pas de l’archivage. C’est la raison pour laquelle le cadre est si serré.
Une beauté baroque
La performance est habituellement précédée d’une pièce audio jouée live par Érick d’Orion intitulée Une beauté baroque.
Le roman Beauté baroque est la chronique au jour le jour d’une passion, celle que l’écrivain et poète Claude Gauvreau, disparu en 1971, a éprouvé pour la comédienne Muriel Guilbeault, qui se suicida en 1952. Un jeune homme est habité tout entier par « la plus fière, la plus douce, la plus étrange des passions » pour une actrice rousse, « éternelle désirée », femme inaccessible et blessée à mort par la loi d’un autre homme. Le chant d’amour de Gauvreau – il a 27 ans quand il écrit ce premier roman – a des accents d’une naïveté bouleversante. La mort de la « déesse » ne délivrera pas le poète, dont la vie et l’œuvre seront marquées au sceau de cet amour fou qui a aujourd’hui rejoint la légende.
Évocation audio libre de ce roman clé de la littérature québécoise. Échantillonnages, granulation, manipulation audio en temps réel performée, auxquels Érick d’Orion ajoute une touche de death métal.
Feuille de route
2014
- Off du festival d’Avignon (France), présenté à l’Espace 40 de la Manufacture du 8 au 14 juillet 2014
2011
- Événement Sortir de l’Écran, présenté à la cinémathèque de Montréal par l’Agence TOPO le 25 novembre 2011
2010
- Festival littéraire Québec en toutes lettres, le 23 octobre 2010
2009
- Version installation présentée à CitySonics, festival des arts sonores de Mons, juin 2009
- Festival Francophonie Métissée de Paris (France), le 6 octobre 2009
2008
- Présenté dans le cadre de la Quinzaine de poésie dans cinq Maisons de la Culture de la Ville de Montréal
- Présenté au festival Les Transnumériques de Bruxelles (Belgique), les 4 et 5 décembre 2008
- Laboratoire présenté au studio d’essai du Complexe Méduse à Québec, en novembre 2008 avec Simon Dumas, Érick d’Orion et Mathieu Therrien