Images invisibles

Production • Rhizome
Collaboration • Avatar
Idéation • Mathieu Campagna
Artistes • René Gagnon, Antoine Caron, Simon Dumas,
Mathieu Campagna, David Leblanc, Marc Doucet,
Daniel Canty et Miriane Rouillard

Un cinéma avec pour seul écran votre esprit. Dans l’obscurité, des images projetées sous forme de phrases et de sons se réverbèrent sur la paroi de votre crâne. Les voix s’insinuent, suggèrent, manipulent. Vous n’êtes plus ici. Histoires d’hôtels mexicains, de salles obscures, de voies ferrées qui vous emportent ailleurs, même si le poids de votre corps sur la chaise est bien réel. De temps à autre, une apparition : un spot révèle la source de la voix, la silhouette d’un auteur se découpe sur le noir. Les regards s’agglutinent autour de la source lumineuse comme des papillons de nuit, jusqu’à ce que la forme se dissolve à nouveau dans la pénombre qui vous tire toujours plus profondément dans l’imaginaire. Lorsqu’à la fin se taisent les voix et s’allument les lumières, subsiste, mêlée à toutes les autres émotions, celle de revenir de loin. 

Et qu’en vous, subtilement, à votre insu, quelque chose s’est transformé.

Plus concrètement, chacune des quatre parties d’Images invisibles est le résultat d’une collaboration entre un auteur et un artiste audio, dans le but de créer des court-métrages dépourvus d’image. Fusion, donc, entre narration et environnement sonore surround, ce spectacle singulier se déroule dans le noir complet. 

Images invisibles cherche à susciter l’émergence d’images mentales chez l’auditeur, un peu comme le fait la lecture romanesque, mais en amplifiant le pouvoir des mots par un support audio enrobant et suggestif (voix narratrices, bruits d’ambiance, musiques, sons inventés). Les périodes d’obscurité sont ponctuées d’effets de lumière qui révèlent les auteurs lisant leur texte devant ou parmi les spectateurs, dans une dynamique d’apparition/disparition à la limite du spectral. Images invisibles s’affranchit du joug de l’image visuelle, en explorant les rapports complexes unissant la parole et le son, et permet la création de nouveaux alliages littéraires.

Argumentaire

Bien qu’il ait d’abord existé sous une forme simple dans le radio-roman, l’art audio narratif s’est énormément développé au contact du cinéma. Depuis que ce dernier n’est plus muet, les artistes audio du septième art ont redoublé de créativité. Au fil des années, et conjointement avec le développement du cinéma, leurs efforts ont mené à l’invention de nombreux procédés sonores ingénieux qui se sont graduellement imposés comme un code largement compris du grand public. Ces conventions sonores ont peu à voir avec le réel – personne n’entend le son s’assourdir lorsqu’il a trop bu ou lorsqu’il se plonge dans ses souvenirs – et pourtant, les auditeurs en reconnaissent instinctivement le sens. On peut donc affirmer que s’est créé, en parallèle avec le développement cinématographique, un nouveau langage sonore à part entière que nous appellerons ici l’art audio narratif. 

Littérature et art audio narratif ont plusieurs points en commun, mais ce qui en fait un mariage parfait, c’est ce même appel à l’imagination. Entre une description textuelle d’un lieu et une autre qui serait sonore, la sensation ressentie par le public se ressemble : un mélange de précision et d’une incroyable liberté laissée à l’imagination pour créer des images mentales. Les deux ”mediums” s’appuient donc sur une même dynamique évocatrice, beaucoup plus près du senti. Littérature et art audio narratif confient à leur public un rôle actif à jouer contrairement à des ”mediums” plus directs comme l’image.

Les duos d’imagistes sonores

  • L’autrice Renée Gagnon et l’artiste sonore Antoine Caron
  • L’auteur et producteur Simon Dumas et l’artiste audio et instigateur du projet Mathieu Campagna
  • L’auteur David Leblanc et l’artiste audio Marc Doucet
  • L’auteur Daniel Canty et l’artiste sonore Miriane Rouillard

Renée Gagnon — sans titre

Il est question d’une absence, d’un avant et d’un après «l’absence». Une perte qu’on a laissé se produire, mais, à bien y réfléchir, peut-on vraiment retenir quelqu’un qui veut vraiment partir? Ceux qui restent doivent réapprivoiser le décor. Et le quotidien qui va avec. Il y a le rêve, la machine qui bipe au rythme du cœur et qui, soudain, se met à crier. Il y a les cloches de l’église du coin, à la volée. Il y a elle qui n’accepte pas et lui qui…

Simon Dumas — Mais la nuit

Partir à la recherche d’un personnage. Le suivre à la trace, entre réalité et création. Le suivre jusque sur les routes du Mexique. Il s’agit d’une quête intellectuelle, bien sûr, mais aussi matérielle. Au bout de l’idée se trouvent la route, la voix, la personne à qui on demandera d’incarner, de se prêter à cet autre qui cherche à exister. C’est ça le film. C’est ceux qui le font allant à la rencontre de ceux qui y vivent. Ça et les routes, réelles et fictives, qui les portent.

David Leblanc — Solitude résignée derrière la neige

Film noir au premier degré,  Solitude résignée derrière la neige plonge le spectateur entre les deux oreilles d’une personne seule qui essaie de se changer les idées en fixant la neige dans sa vieille télé pour oublier qu’elle va mourir. L’absence d’histoire personnelle y défile à la vitesse grand V de la vivacité d’esprit, comme un rêve collectif qui explose en frappant le mur du son, éclats d’Histoire avec un grand H et phylactères de BD ranimés au passage, trajet direct de vie à trépas en 5 minutes 37 secondes.

Daniel Canty — Ce que voient les images

Deux voix désincarnées, terrées derrière la lumière d’un écran de cinéma, guettent l’arrivée d’un jeune homme. Il est en retard, et les sons de ce qui semble être un western emplissent déjà les airs. Peu importe ce que le film raconte. Eux l’ont déjà vu ici, et ils n’ont qu’une idée en tête: se rapprocher de lui, pénétrer sa conscience, comme s’ils pouvaient, en retrouvant son regard angoissé parmi l’assemblée silencieuse, enfin prouver qu’ils existent. Mais deux malotrus de cuir vêtus, bruyants mangeurs de pop-corn et placoteurs de première, détournent le flot de la projection. Marie Brassard et Alexis Martin prêtent leur voix aux images invisibles.

Extrait sonore

Mais la nuit de Simon Dumas et Mathieu Campagna

Feuille de route

2016

  • 26 février — Maison de la littérature de Québec
  • 22, 23, 26, 27 et 29 avril — Tournée en France, à Paris, Clisson, St-Florent-le-Vieil, Nantes et Marseille. 

2015

  • 20 mai au Festival 2 visages de l’électroacoustique de Bruxelles
  • 21 mai à la Maison de la poésie de Namur
  • 23 mai au Centre d’art intermédia Databaz d’Angoulême
  • 26 mai à l’Inox de Bordeaux

2013

  • 8 novembre à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal

2012

  • 18 avril à la salle Multi de Méduse, Québec, en codiffusion avec Avatar. 

Partenaires

Avec la participation d’AVATAR, le projet fut financièrement soutenu par le Conseil des arts et du lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada.