Solyvène Targamé suivi de Butome est porté par une parole haletante, celle d’un homme obsédé par sa lutte contre la pétrification urbaine. Chaque mot qui compose son discours est davantage tentative et qu’affirmation. La tirade éclatée se déploie dans un leurre d’unité qui ne tient que par hésitations et répétitions, mêlant au commerce de traditions le commerce des corps. Progressivement, le flux du texte se resserre pour ne laisser qu’une parodie de héros, un personnage à peine légitimé par quelque passion amoureuse incertaine et supposée triangulaire. C’est ce dernier que nous retrouvons dans Butome. Après une pause de douze années, le poète revisite le tracé d’alors, mais cette fois, son pas est calme. Le regard posé s’attarde, une pensée dérive…
Des pavés sous les briques
Et presque plus de terre au-dessous
Enfouis tous visqueux dans le sombre visqueux
Mille diables séparés de la lumière
Par nos pères (et leurs sauterelles polaires)
Bien éloignés du feu
Prêts à faire barrage aux rayons doux qui voudraient
Frapper leurs briques
Leurs rayons de briques sur les pavés
Les pavés prétentieux de nos pères
Bien alignés sous le feu
Réverbèrent encore l’ombre de chacun d’eux
Sur nous
- Extrait de Solyvène Tagarmé
Bertrand Pérignon, né en Lorraine en 1980, vit à Bruxelles où il travaille pour une administration régionale. Il a étudié les arts plastiques, l’esthétique du cinéma et la construction. Il a mené des activités littéraires publiques dans les années zéro et jusqu’au début des années dix.
—
Un tirage de 300 exemplaires
Dépôt légal, 1er trimestre 2020
ISBN 978-2-9818541-0-0