Henri Chopin
French musician and poet
Henri Chopin est un artiste, poète concret et sonore français né le 18 juin 1922 à Paris et mort le 3 janvier 2008 à Dereham dans le Norfolk en Angleterre,. Henri Chopin est né en 1922 à Paris et travaille très jeune. En 1942, réquisitionné pour le STO, il se cache, mais est arrêté en juin 1943. Il est envoyé à Königsberg en Prusse orientale, puis transféré en juillet en Tchécoslovaquie au camp d’Olomouc, où il y avait des Tchèques, des Slovaques, des Serbes, des Croates, des Autrichiens. Il refuse d’y travailler et se lie d’amitié avec Jiri Latal. Octobre, retour en Prusse, où il disait, pour ne pas travailler : « Ich bin ein dichter ! », « Je suis un poète ! ». Il se retrouve en camp de travail, puis en prison. En 1944, suite à un bombardement allié qui crée une brèche dans l’enceinte, il s’enfuit en plein hiver vers l’Est, en allant à la rencontre des armées soviétiques. Après avoir failli être fusillé comme espion, il est intégré quelques temps à l’armée russe comme cuisinier, et c’est là qu’auprès d’officiers russes, il entend parler des langages onomatopéiques du Caucase. Puis, pour rejoindre la Lithuanie, toujours en plein hiver, il connaît ces fameuses « Marches de la mort », nom qu’on a donné à ces colonnes de réfugiés entre la Prusse Orientale et la frontière lithuanienne. En juin 1945, à Mourmansk, il assiste au dégel, et de là, il est rapatrié sur la France. De retour à Paris, il apprend la disparition de ses deux frères, morts en 1944 dans la résistance. En 1947, à la Maison de la Pensée Française, il a l’occasion de fréquenter Valentine Hugo. En 1948, il se rengage dans l’armée, d’abord à Innsbruck, puis en Indochine. En 1952, libéré, il se marie avec Jean Ratcliffe, une écossaise, qui lui fait connaître Eliot et James Joyce. L’année suivante, il rencontre Altagor, le créateur de la métapoésie, et il est alors éducateur de l’enfance inadaptée à Saint-Martin de Ré. C’est en 1955 qu’il achète son premier magnétophone, avec lequel il fait ses premiers essais vocaux. En 1957, il publie des poèmes aux éditions Caractères, dirigées par Maurice Lemaître, mais refuse de participer au groupe lettriste. En 1959, il prend en charge la revue Cinquième Saison pour 16 numéros, où il confronte les poètes expérimentateurs historiques, encore vivants, comme Pierre Albert-Birot, Jean Arp, Arthur Pétronio, Michel Seuphor et les poètes expérimentateurs contemporains comme Paul de Vree, Bernard Heidsieck, avec les poètes plus traditionnels comme Alain Bosquet, Jean Rousselot, Guillevic, Jean Follain. De 1961 à 1963, il réalise des émissions radiophoniques avec Maguy Lovano, productrice sur Paris-Inter (aujourd’hui France-Inter). En 1959, il lance la « poésie objective », qui se concrétisera par des expositions, et la « poésie ouverte », dont il parle dans la revue Cinquième Saison n°8, expression qui sera reprise par Jean-Clarence Lambert. À la galerie Mesure à Paris en 1960, il confronte l’Ursonate de Schwitters, le scherzo sur le disque 78 t. prêté par Domela et Espaces et gestes, parmi les premiers poèmes sur bande magnétique, avec comme public Jacques Costine, Claire Goll, Pierre Albert-Birot, Iliazd, Luc Peire. En 1963, il réalise son premier film expérimental en 16 mm., Pêche de nuit, avec Luc Peire et Tjerk Wicky, présenté au festival de poésie de Knokke-le-Zout. En 1964 a lieu le lancement du premier numéro de la revue-disque OU-Cinquième Saison, avec sur le disque des textes de Brion Gysin, de Bernard Heidsieck et de lui-même. Il continue ses émissions de radio en 1965 à Prague, Brno, Lausanne, et il organise rue de l’Échaudé à la galerie Riquelme, des soirées autour de chaque numéro de la revue OU. Il réalise aussi un deuxième film en 16 mm. « audio-poétique », L’énergie du sommeil, avec Serge Béguier et Gianni Bertini, montré à la Biennale de Paris en 1965. En 1967, il participe au Festival de Fort Boyard, festival qui n’existait que par son invitation et son affiche, et au festival de Fiumalbo, Parole sui muri, avec Adriano Spatola et Claudio Parmiggiani, festival qu’il sonorise avec Arrigo Lora-Totino. En avril 1968 aura lieu le premier festival de poésie sonore (Text-Sound Compositions) organisé par Fylkingen et la radio suédoise, auquel il ne participe pas, étant à Prague. En juin, il quitte la France pour l’Angleterre et s’installe en septembre à Ingatestone, maison victorienne avec 26 pièces et 3 jardins, où seront organisées des rencontres. En 1969, il participe au second festival Fylkingen de Stockholm. En 1970, il lance la Collection OU de livres en bilingue, avec, notamment, La révolution électronique de William Burroughs (1971), mais aussi Raoul Hausmann, Bernard Heidsieck, lui-même, Ladislav Novak, Paul Neuhuys. Il participe à des tournées de poésie sonore avec Bob Cobbing ou seul à Birmingham, York, Londres, Wimbledon. En 1971 a lieu sa première télévision à Genève, avec un film de 50’ sur la poésie sonore. En 1972, il réalise son premier Hörspiel à la Westdeutscher Rundfunk à Cologne avec Klaus Schöning, et une émission de radio avec Georges Charbonnier sur France-Culture. En 1973, il prépare le dernier numéro de la revue OU, qui paraîtra en 1974, et il commence à travailler sur son livre Poésie Sonore Internationale et qui sortira en 1979. Il participe entre-temps en 1976 au Colloque de Tanger à Genève, organisé par Gérard-Georges Lemaire, avec William Burroughs et Brion Gysin. En 1981, il compose son Dernier livre des riches heures de Chopin, 365 dactylopoèmes réalisés du 1er janvier au 31 décembre 1981. En 1985, Jean, sa femme, meurt. Il fait une tournée aux Etats-Unis, prévue avant sa mort. Il participe, en tant que compositeur, au 1er Acustica International avec Dieter Schnebel, John Cage, Maurizio Kagel, Pierre Henry, Bill Fontana, Tom Johnson, Gerhard Rühm. En 1986, il s’installe à Paris. Il réalise un hörspiel avec Schöning à la WDR de Cologne avec les 9 saintes phonies et publie son Petit livre des riches heures signistes et sonores d’h. chopin, livre-disque avec 2 audio-poèmes de 1983/1984 à l’occasion d’une exposition autour de la revue OU à Paris. En 1992 paraissent Les riches heures de l’alphabet latin de Paul Zumthor et Henri Chopin aux éditions Traversière. Il est depuis retourné vivre en Angleterre auprès de son fils et de sa fille où il continue ses activités de publications et de performances, dont une Revue Parlée au Centre Pompidou pour ses 80 ans à l’occasion de la réédition des disques de la revue OU sur CD par Alga Marghen.
Collaborations avec Rhizome :