Fragments de l'Apocalypse

Production • Érick d’Orion, Catherine Lalonde Massecar et Rhizome
Texte original • David Turgeon
Performance • Érick d’Orion et Catherine Lalonde Massecar

Fragments de l’Apocalypse de Jean selon Pierre Henry est un projet de performance audio qui s’inspire de l’œuvre mythique du compositeur français Pierre Henry, Apocalypse de Jean. Cette relecture, menée par Catherine Lalonde Massecar et Érick d’Orion — duo d’artistes interdisciplinaires dont la pratique s’inscrit à la croisée de la musique expérimentale, du théâtre, de la vidéo et de l’art sonore — réinterprète certains passages de l’oratorio électronique en cinq mouvements, en offrant une approche plus théâtrale et performative tout en préservant l’essence expérimentale de l’original.

Le duo explore ainsi la puissance de la musique concrète et de l’art audio, qui, selon Pierre Henry, a le pouvoir de susciter des visions intérieures et des représentations imagées. Dans leur version de l’Apocalypse de Jean, Catherine et Érick proposent une appropriation personnelle de cette œuvre, en en extrayant des fragments où les sons et les mots résonnent particulièrement avec leur propre vision artistique. Leur intervention repose sur une révision de la narration, remplaçant la voix masculine puissante et théâtrale de Jean Négroni par une interprétation féminine plus ancrée dans le performatif et le littéraire, à la frontière du conte.

D’un point de vue sonore, la performance se distingue par une série de manipulations techniques : des collages de textures audio, des filtres appliqués à certaines fréquences, des sons de synthèse, des voix modifiées en direct, ainsi que des commentaires pré-enregistrés d’artistes ayant fréquenté l’œuvre de Pierre Henry : Hervé Birolini et Alexandre St-Onge. Ces derniers apportent leurs points de vue uniques, à la fois théoriques et pratiques, sur l’œuvre de Pierre Henry. Hervé Birolini, compositeur, chercheur et expert en musique concrète, a travaillé sur de nombreuses œuvres de Pierre Henry et est reconnu pour sa maîtrise des textures sonores et de l’expérimentation acoustique. Alexandre St-Onge, performeur sonore et artiste intermédia, est connu pour ses œuvres performatives où il explore les frontières de la musique et de la corporalité à travers une approche sonore immersive et physique. Il est également professeur d’art à l’Université Laval de Québec où il enseigne et soutient la pratique artistique expérimentale.

Un tourne-disque antique, sur lequel tourne au ralenti Stimmung de Karlheinz Stockhausen, œuvre contemporaine de l’oratorio, vient ajouter une mise en abyme sonore.

Enfin, un texte commandé à l’écrivain David Turgeon, auteur de bandes dessinées, romancier et essayiste, apporte un éclairage littéraire unique à la performance. Ses réflexions portent à la fois sur le texte biblique et sur la composition musicale de Pierre Henry. Le texte qu’il a écrit pour ce projet entre en résonance avec l’univers de l’Apocalypse de Jean, mêlant réflexions philosophiques et littéraires. Ce texte est ensuite traité à travers le logiciel Audiographe, créant une synchronisation parfaite avec le flux audio et visuel. Car la performance ne se limite pas au seul champ sonore : il s’agit également d’une performance visuelle dont la conception repose sur un générateur dynamique d’animations typographiques, intitulé l’Audiographe, développé par l’artiste numérique nantais Mickaël Lafontaine. Ce logiciel permet de synchroniser en temps réel l’animation des extraits sélectionnés du texte de David Turgeon avec le flux audio de la performance, offrant ainsi une dimension visuelle immersive et poétique à l’expérience. Ces extraits du texte de David Turgeon ont été sélectionnés et intégrés par Simon Dumas, qui a agi en tant que conseiller dramaturgique. Il assure également la régie vidéo de la performance.

Sortie de résidence au studio Rhizome

Les artistes

Érick d’Orion

Érick d’Orion est avant tout reconnu pour ses recherches en musique expérimentale et en art sonore, particulièrement dans l’univers de la musique électroacoustique, de la musique improvisée et des installations sonores. Son travail se distingue par une approche radicale et novatrice de la manipulation du son. Il explore les limites de la perception sonore à travers des dispositifs technologiques complexes, notamment en utilisant des systèmes de diffusion acoustique, des traitements électroniques et des manipulations en temps réel des sons. Ses œuvres, souvent immersives et multi-sensorielles, brouillent les frontières entre l’auditeur, l’espace et l’expérience sonore, cherchant à transformer l’écoute en une expérience physique et sensorielle. Il a également été impliqué dans plusieurs projets collaboratifs avec des collectifs d’artistes qui combinent la musique expérimentale, la performance visuelle et les arts de la scène en général. Il assure la musique originale de plus d’une dizaine de films documentaires, dont 4 longs métrages. Il est également reconnu pour ses projets à titre de commissaire dans le domaine des arts sonores. Depuis 2010, il est à la tête du parcours d’installations sonores dans l’espace public du Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville. Et bien sûr, depuis 2015, il opère aussi en duo avec Catherine Lalonde Massecar. Sa discographie comporte plus de 40 publications. Toutes ces réalisations témoignent de l’approche multidimensionnelle d’Érick d’Orion en art sonore.

Catherine Lalonde Massecar

Catherine Lalonde Massecar œuvre dans le domaine des arts interdisciplinaires depuis une quinzaine d’années à titre d’artiste-chercheuse et d’instigatrice de projets aux formes matérielles et immatérielles à même le réel. Ses propositions oscillent entre des créations collaboratives artistes/communauté dans le quartier Centre-Sud de Montréal (où elle a fondé le Péristyle Nomade) et des projets d’expérimentation et d’infiltration dans des lieux multiformes (en solo et avec le Duo Massecar•d’Orion). Elle est titulaire d’une maîtrise en théâtre de l’UQAM, dont le mémoire porte sur l’infiltration artistique et la fragmentation de la dramaturgie en territoire urbain (2011). Elle détient également un doctorat en études et pratiques des arts (2024), se concentrant sur l’Opéra-Manœuvre pour explorer la rencontre paradoxale et imprévisible entre la manœuvre artistique et le concept de l’opéra, afin d’amplifier la relation au monde.

David Turgeon

David Turgeon est l’auteur de cinq romans, dont L’inexistence, Simone au travail et Le continent de plastique, et de l’essai À propos du style de Genette, tous parus au Quartanier. En 2020, il a publié «La voix derrière le voile», un article théorique sur l’acousmatique et la mort du narrateur, dans la revue Poétique. Il exerce à Montréal le métier d’informaticien.