Nous avons demandé à des poètes d’écrire dans les interstices d’une scène de film. Nous leur avons proposé de souffler leurs mots dans ces silences creusés au cœur des images, d’en proposer de nouvelles, faites de mots. Puis, nous leur avons demandé de tisser leurs voix à même la trame du film.

Ils sont trois poètes, Herménégilde Chiasson, Sonia Cotten et Éric Charlebois. Ils ont répondu à l’invitation et ont marché sur ce fil tendu entre le temps du film et celui du poème. Ils ne sont pas tombés.

C’est cela le projet Amérique, rassembler des auteurs (vivants) de la francophonie américaine et les associer à des cinéastes – du présent et du passé — qui ont documenté et, d’une certaine façon, contribué à façonner ce territoire fragmenté qu’est l’Amérique francophone.

En collaboration avec le commissaire et vidéaste John Blouin, chaque poète invité est jumelé à un cinéaste dont les extraits filmiques servent de fil conducteur à l’écriture. À tour de rôle, face à l’écran, ils colonisent de leurs confidences l’extrait de film qui leur est jumelé. Instants d’un autre temps, territoires réels ou imaginaires rapaillés à partir des pièces éparses de la mémoire collective d’une francophonie néanmoins affirmée et bien vivante.

Il en résulte un tissage entre deux langages, un dialogue constant entre la poésie des mots et celle des images. Les deux se font écho, s’accompagnent, s’enrichissent et transportent le spectateur aux limites de chacun. S’ouvrent alors de nouvelles voies où le corps tout entier se laisse absorber dans un voyage tendu et ténu entre passé et présent.